Projets sous la direction d'Olivier Robert
En 2018, la pièce de l’auteur vaudois, René Morax, Le Choix d’une déesse, farce satirique sur la fête des vignerons est créée à la Grange de Dorigny huit mois avant la Fête des Vignerons. L’année suivante Nuit gravement au salut, adaptation du roman d’Henri Frédéric Blanc, est donnée à la Grange de Dorigny puis invitée dans le cadre de festivals de théâtre. Le Covid-19 impose une interruption des activités de la compagnie, qui monte en 2021 Inconnu à cette adresse, de l’Américaine Kathrine Kressmann Taylor avec une partition originale pour violoncelle et piano d'Isabelle Aboulker. Les premières représentations de la compagnie sous son nouvesu nom Ambre Rouge représentations ont lieu à l’Abbaye de Montheron, suivies de reprises en Suisse et en France. En avril 2022 la compagnie est engagée dans le cadre d’un concert pascal pour l’oratorio Chemin de Croix, d’Alexandre Georges et monte le texte de Bernard-Marie Koltès, La Nuit juste avant les forêts, qui est créé en septembre à l’Abbaye de Montheron. En 2024 Cher Menteur de Jérôme Kilty et Jean Cocteau est créé sur la scène du théâtre de la Voirie à Pully avec deux comédiens et trois musiciens qui dialoguent sur une partition originale pour violoncelle, clarinette de piano d'Isabelle Aboulker. L'année suivante Portrait de famille de Denise Bonal est proposé dans cette même salle avec une distribution de six comédiens et comédiennes.
Le choix des spectacles de la compagnie témoigne d'un goût pour le théâtre social, dont la production 2026, La Peur, de Bertolt Brecht, dans une nouvelle traduction d'Olivier Robert, est un nouvel exemple.
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2026-2027 La Peur
de Berthold Brecht
Adaptation par Olivier Robert
Ambre Rouge monte La Peur de Bertolt Brecht, une pièce qui fait écho à notre époque, comme elle le faisait quand elle a été écrite dans les années 1930. Un siècle plus tard, rien n'a changé et dans une situation d'insécurité politique, les peuples sont démunis. La pièce oppose une époque d'insouciance à la montée des extrémismes avec ses risques de dérives, ses classes populaires déboussolées, la suspicion de l'autre, la dénonciation du voisin. En période d'instabilité la parole doit être contrôlée, les mots ne sont plus innocents. Il nous semblait qu'il était temps de mettre sur scène ce projet, en germe depuis une vingtaine d'années. Le fond est grave mais sa forme fait alterner farce et sketchs. Alors la pièce est drôle et accessible à chacun. C'est un spectacle familial. Les enfants y verront des histoires, les parents des métaphores ou des paraboles.
La compagnie Ambre Rouge est composée de comédiens issus de formations d'acteurs professionnels à Paris (Cours Florent, Sophie Akrich…) et à Lausanne (Manufacture, Acting Line Studio…).
La Peur est un spectacle inédit d'environ 1h40. La mise en scène se veut lisible avec une scénographie claire et précise. À aucun moment la pièce n'est pesante. La première partie, la farce, est travaillé dans le mouvement. Cela virevolte: tours de magie, danses de salon, chansons; c'est la fête. La seconde partie – les sketchs – est plus épurée, avec une mise en scène esthétisante et symbolique. La brièveté des textes la rend limpide. Le sentiment de peur évoqué; il est présent et insidieux. C'est l'évocation d'une Histoire avec un grand H, qui repasse les plats, pour notre plus grand malheur de citoyens et notre plus grand bonheur de spectateurs.
Résumé
La pièce est divisée en deux temps encadrés par le même court sketch (Maladie professionnelle) dans deux atmosphères opposées.
Maladie professionnelle 1925. Un malade est étendu dans son lit. Le corps médical l'examine. On s'interroge sur les causes de son hospitalisation. Le diagnostic est sans appel, il s'agit d'une banale maladie professionnelle.
La première partie est une version légèrement raccourcie de Noce chez les petits bourgeois, une farce de jeunesse de Bertolt Brecht (1919). Elle évoque le repas de noce de petites gens dans l'Allemagne de la République de Weimar. Ils n'ont aucune conscience politique, sont d'une médiocrité touchante. Ils parlent de tout et surtout de rien, ils sont méchants et touchants sans le vouloir. Chez eux la parole est gratuite et ne porte pas à conséquence. Ils font bonne figure. Ils rient, le public aussi. Chacun est là pour faire la fête. Mais quelle fête? Le père Albert tente de raconter des histoires horribles qui n'intéressent personne, Théo fait des tours de magie. Franz pousse la chansonnette, Karl, le marié, a tenu a fabriquer ses meubles lui-même avant la noce. Il est tellement fier du résultat. Mais cela a pris du temps et sa fiancée Suzy, ne peut désormais plus cacher sa grossesse avancée. La soirée est piteuse, Suzy a raté tous ses plats. Et les meubles de Karl se brisent l'un après l'autre sous le poids des invités. Lorsque le jeune couple se retrouve seul, le bilan est déprimant, l'appartement est une ruine, métaphore d'un monde qui s'écroule. Pour les jeunes mariés le départ des invités est un soulagement. Ils vont enfin goûter pleinement à leur nuit de noce. Mais le lit s'effondre à son tour tandis que de la radio, leur cadeau de noce, éructe un discours du Führer, de plus en plus fort, de plus en plus insupportable.
Dans la seconde partie l'humour se glace dans la peur de la délation. Klaus-Heinrich, l'enfant du couple a 10 ans. Ses parents l'ont inscrit aux les jeunesses hitlériennes. Les mêmes protagonistes se retrouvent entraînés malgré eux, par la montée de l'extrémisme, sans y être préparés. Le rire est devenu jaune. Désormais la parole n'est plus gratuite. Il faut faire attention à tout et à tous, la dénonciation menace, on se méfie de chacun, de son fils, de son voisin. Trois sketchs de Grand Peur et Misère du Troisième Reich (1935) constituent cette seconde partie. Ils résonnent, aujourd'hui encore, d'une terrible actualité.
L'indic. Un groupe attend on ne sait quoi sous la pluie, blottis sous un énorme parapluie; au loin des bruits d'avions. Les gens ont peur, on cause de choses et d'autres, mais la parole n'est pas innocente. Klaus-Heinrich, le petit garçon de Karl et Suzy disparaît soudain. On s'inquiète, on le recherche, on s'affole, on suppose le pire. Et si on avait dit quelque chose qui puisse être mal interprété. Et si Klaus-Heinrich était allé dénoncer ses parents?
Le militant. Une queue à la porte d'une boucherie vide. Le fils du boucher a été arrêté pour marché noir. Il avait refusé d'exposer des jambons en carton. Quant au père il s'est pendu dans sa vitrine vide. Il avait voté pour Hitler.
La craie. Par jeu le S.A. Théo pousse un de ses invités à parler contre le régime pour lui montrer comment il fait pour arrêter les suspects sans se faire remarquer. Est-ce un jeu? Chacun se méfie. Mais Théo est un fin malin. Il se souvient des tours de magie qu'il faisait à l'époque du mariage de Karl. Resté seul avec sa femme Minna, Théo se prépare à partir pour un exercice de nuit. Mais quelque chose semble s'être cassé. La jeune femme est bouleversée par le jeu de dupes auquel elle a assisté. Le couple survivra-t-il?
Maladie professionnelle 1935. Un homme assis sur une chaise, les mains liées dans le dos. Il a peut-être été torturé. On l'examine sans ménagement, on s'interroge sur ce qu'on va dire. Origine officielle de la maladie: chute dans les escaliers: on dira que c'est une maladie professionnelle.
SCÉNOGRAPHIE
La tonalité visuelle de la pièce est noir-blanc pour le repas de noce et sépia comme une vieille photo pour la seconde partie. Tous les personnages sont vêtus de déclinaisons de brun, beige, noir et blanc. L'évocation de la S.A. se fait uniquement au moyen de brassards rouges avec un cercle noir et une croix blanche (non gammée). Le côté dramatique pourra être souligné par des éclairages très crus (blanc corrigé) dans certains sketchs de la seconde partie.
MUSIQUE
La musique joue un rôle important dans la dramaturgie. Elle intervient comme ponctuation en début et fin de pièce, entre les parties et les sketchs. Il s'agit presqu'essentiellement de tangos de l'accordéoniste argentin Juan José Mosalini (style Astor Piazola).
Olivier Robert, mise en scène
Parallèlement à des études de français et d’histoire à l’Université de Lausanne et de piano au Conservatoire de cette ville (classes de Denise Bidal et Daniel Spiegelberg), suivies d'une formation musicale théorique, il commence à mettre en scène des productions scolaires et des vaudevilles avec des groupes d’enfants et d’adolescents. En 1984 il fonde la troupe Théâtrophil dont il assure la direction artistique de 1992 à 1994. Il y signe les éclairages du Roi se meurt d’Ionesco et met en scène entre autres Chat en poche de Georges Feydeau. Après une formation professionnelle à Paris, il se dirige vers un théâtre plus littéraire et historique en montant L’Accusateur public, de Fritz Hochwälder, présenté à Lausanne en Paris en 1989, puis une adaptation de Jacques le Fataliste et son maître, de Denis Diderot à Lausanne et Chollet où la pièce est primée pour sa scénographie. Ce seront ensuite entre autres Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry (1992), L’Atelier, de Jean-Claude Grumberg (Lausanne, La Tour-de-Peilz, Morteau, Narbonne, 1996). En 1996 il prend la présidence de la Commission culturelle de l'Université de Lausanne. En 1997 il monte Les Marchands de Gloire (Pagnol), Brocéliande (Montherlant), Le Bel Indifférent et La Voix humaine (Cocteau) et Les Bonnes (Genet). Suivront des œuvres aussi diverses que Bent (Martin Shermann), Nuit gravement au salut, lecture d'un roman d'Henri-Frédéric Blanc (tournée en Suisse romande), L'Homme qu'il nous faut, monologue de Michel Bühler (2001), Danser à Lughnasa, de Brian Friel (2002). Parallèlement il effectue plusieurs incursions dans le répertoire lyrique avec Dialogues des Carmélites de Bernanos-Poulenc (Lausanne et Paris 1995), puis Les Pêcheurs de perles de Georges Bizet, dans sa version originale jamais donnée en Suisse. Suivront notamment la direction scénique d'un workshop d'opéra à Montreux (Casino), la création mondiale du Monde bis, opéra contemporain de François Margot, monté au théâtre Barnabé de Servion (2007). Il collabore durant dix ans avec La Radio Suisse romande Espace 2 pour des émissions d'histoire et d'archives musicales, puis il reprend un travail de metteur en scène en réalisant trois opérettes de la guerre de 1914-1918 pour les cent ans du début du conflit. Avec Ambre Rouge il a monté Le Choix d'une déesse, de René Morax et Nuit gravement au salut, d'Henri-Frédéric Blanc, à la Grange de Dorigny, Inconnu à cette adresse de Kressman Taylor et La Nuit juste avant les forêts, de Bernard-Marie Koltès à l'Abbaye de Montheron, Cher Menteur de Jérôme Kilty (trad. Jean Cocteau) et Portrait de famille de Denis Bonal à Pully. En 2026 il mettra en scène La Peur de Bertolt Brecht, Dans la solitude des champs de coton de Koltès et deux pièces d'Eugène Ionesco, puis en 2027 La Ville dont le prince est un enfant d'Henry de Montherlant. Olivier Robert est aussi l'auteur d'une douzaine de livres dont plusieurs relatifs à l'histoire sociale et culturelle, avec trois volumes consacrés au théâtre suisse.

2025 - Portrait de famille
Portrait de famille c'est une famille étrange et drôle, c'est une famille exemplaire, c'est une de ses familles qu'on croise sans jamais entendre le son de sa voix, c'est une de ces familles dont on pourrait dire qu'elle se situe un quart d'heure avant le Lumpenproletariat (sous-prolétariat) et qui me fait un peu penser à cette cabane de Charlot dans La Ruée vers l'or dont on se demande toujours si elle va tomber dans le vide. C'est l'histoire d'une de ces familles qui vivent dans une sorte de déséquilibre; ce qui m'intéressait c'était de donner à Louise au milieu de sa famille, cette énergie nécessaire pour vivre, ce rôle de guerrière, cette façon qu'elle a de ramasser les dés que le hasard lui a donné et d'essayer d'en faire une vraie partie. C'est la vie même, c'est la vie quotidienne, c'est la vie avec des retours vers son enfance, avec l'autre femme qui habite un peu en elle, qui n'est pas la même que celle de tous les jours. Une femme qui a eu sa vie privée un peu enfoncée à l'intérieur d'elle-même, une vie rêvée, une vie qui dérape un peu de temps en temps.
Denise Bonal, 1986 sur FR3
Denise Bonal
Comédienne et dramaturge, née en 1921 à Oued Alleug en Algérie, dans la plaine de Mitidja en 1921, elle est décédée à Paris en 2011. Elle passe son enfance dans son village où il n'y que trois maisons. Sa mère sera son unique institutrice. Elle arrive à Paris en 1933 et entre au lycée Fénelon. En 1939 elle fait une hypokhâgne pendant deux ans et monte une première pièce Aucassin et Nicolette pour dénoncer l'occupation allemande. Elle s'inscrit au cours de Charles Dullin et en 1951 elle est engagée comme comédienne à la comédie de l'Ouest à Rennes pour sept semaines. Elle y reste 15 ans, créant des nouvelles radiophoniques. En 1971 elle entre au Théâtre National de Strasbourg et devient professeure au Conservatoire à rayonnement départemental de Roubaix. En 1974 sa pièce Légère en août lui ouvre la porte du succès. Son théâtre s'intéresse à la réalité quotidienne et aux histoires de famille (Portrait de famille, Une femme sans conséquence, Les Pas perdus, Féroce comme le coeur…). En 1983 elle est nommée professeure au Conservatoire national supérieur de Paris en même temps que Daniel Mesguisch, en remplacement de Jean-Pierre Miquel et de Jacques Lasalle. Elle enseigne également au Cours Florent. Elle obtient le prix du Théâtre de la SACD en 1986, le prix Arletty en 1990, le prix European Drama en 1994, le Molière du meilleur auteur francophone en 2004 pour Portrait de famille et en 2006 le deuxième Grand prix de littérature dramatique pour De Dimanche en dimanche. Au théâtre elle a joué Hugo, Shaw, Shakespeare, Giraudoux ou Goldoni. Au cinéma elle a joué Madame Villano dans Essaye-moi d'un de ses anciens élèves, Pierre-François Martin-Laval, la «cascadeur» des Robins des bois.
«Qu’elle les moque ou qu’elle les mette en danger, Denise Bonal garde toujours une grande tendresse pour ses personnages. Gens ordinaires, ouvriers, femmes fortes, telles sont les figures récurrentes de son œuvre qui, à la manière du pointillisme, avance par touches sensibles et poétiques. Lier l’intime et une forte conscience sociale, les petits riens et de grands desseins, voilà le chemin d’écriture de cette passeuse d’histoires.[1]»
Portrait de famille
La pièce est créée du 15 avril 1986 au 31 mai 1986 (35 représentations) au Théâtre de l'Est Parisien, dans une mise en scène de Philippe Mercier avec Véronique Silver, Jacques Pieiller, Henri Virlogeux, Catherine Benhamou, Didier Kerckaert, Daniel Znyk, Laure Duthilleul. François Ozon, y fait ses débuts comme jeune stagiaire.
En 2004 la pièce est reprise et est couronnée du Molière du meilleur auteur francophone vivant. Vingt ans plus tard elle n'a pas pris une ride car ses personnages sont universels.
Le texte nous entraîne au cœur des petites misères du quotidien, de ces gens qui se saignent, aux quatre veines et font des sacrifices pour joindre les deux bouts. Mais sous la plume de Denise Bonal, c'est drôle, horriblement drôle.
Tranche de vie Portrait de famille raconte le quotidien d'une famille qui vient tout juste d'emménager dans son nouvel appartement. Chaque membre tente de trouver sa place et des solutions aux problèmes d'un quotidien morose. Comme le dit, la mère Louise: «On s'est pas fait remarquer que c'est pas plus mal.» C'est une sorte de Mère Courage usée par la vie mais pivot de sa tribu. Il y a le fils aîné Albert, celui que sa mère préfère peut-être pour sa différence, abonné au suicide raté, sa sœur Armelle, la fille enceinte, qui se croit mal aimée et le fait savoir, affublée de Raymond, son compagnon qui pourrait être son père, pique-assiette et allergique au travail. Le frère cadet c'est Patrick, petit délinquant à ses heures, né d'un improbable et fugace premier lit, amouraché d'Assia, une jeune kabyle lumineuse dont il ne sait pas vraiment le nom de famille. Il veut la faire entrer dans le clan familial qui est partagé entre résistance et fatalité, au risque de bouleverser un équilibre déjà instable. Ce sont six trajectoires qu'explore l'auteure dans une tranche de vie sans véritable fin.
Note d'intention
Le texte de la dramaturge n'a pas pris une ride. Ce constat fait, vingt ans après la création, lors de la reprise de 2004, qui valut un Molière à son auteure, est le même aujourd'hui. La pièce a quarante ans et son propos reste brûlant d'actualité. Ambre Rouge s'intéresse à un théâtre social; le théâtre de Bonal et particulièrement Portrait de famille en est un parfait exemple. Le travail que chaque acteur doit mener pour trouver son personnage fait partie des enjeux d'une pièce comme celle-ci. Il s'agit de donner de la vérité à chacun de ces êtres banals et monstrueux, sans les condamner. Il faut juste les regarder vivre, les aimer malgré leurs failles, vivre leur résistance dans ce fragile équilibre familial toujours près de vaciller, confronté aux aléas du quotidien. La scénographie n'est pas indiquée par l'auteure ce qui laisse ouverts tous les choix en matière de décors, de costumes, d'ombre et de lumière, comme également la grande économie de ponctuation
En tant que metteur en scène je pars toujours du choix musical dans l'élaboration d'un spectacle. Elle me donne la colonne vertébrale. Les musiques choisies donnent les pistes à explorer pour créer les ambiances. Le travail à la table avec les comédiens est toujours long, de quelques semaines à plusieurs mois, et constitue une lente maturation. Il va jusqu'à ce que les textes soient sus au rasoir. Les personnages se dessinent, ils se fondent progressivement dans les acteurs qui les incarnent. La scénographie nait de ce travail préliminaire, de la litanie, puis de la poésie du texte. Un jour les évidences sont là et il est alors temps d'animer les personnages. Leurs mouvements naissent de l'intérieur sans a priori et il s'agit désormais de les coordonner, de donner du sens à l'ensemble et de canaliser des énergies distinctes vers un objectif commun. Désormais les mouvements dans sont dictés par les attractions et les rejets, les regards, le rythme du texte et la position relative des acteurs dans l'espace. Il n'y a pas de bons et de méchants dans Portrait de famille, juste six trajectoires humaines émouvantes et presque désespérées, dont les démons respectifs s'affrontent et se confrontent (la colère, la jalousie, la paresse, le rejet social, le racisme) qui se croisent ou se rejoignent. La mise en scène travaille à donner à chacun de ces six pécheurs sa part d'humanité.
DISTRIBUTION
Olivier Robert — mise en scène
Après des études au Conservatoire de Lausanne (classe de Daniel Spiegelberg), suivies d’une formation à Paris, Olivier signe quelques dizaines de mises en scène dont L’Accusateur public de Fritz Hochwälder (repris à Paris), Jacques le Fataliste et son Maître de Diderot (repris à Chollet). Il est engagé ensuite pour Le Petit prince de Saint-Exupéry, Les Marchands de Gloire de Pagnol, Brocéliande de Montherlant, Les Bonnes de Genet, La Voix humaine de Cocteau, etc. Il pratique régulièrement la mise en scène lyrique avec entre autres Dialogues des Carmélites de Poulenc, Les Pêcheurs de Perles de Bizet, Trois opérettes de la Guerre de 14. En 2018 il est sollicité par la Grange de Dorigny pour créer une compagnie avec laquelle il monte Le Choix d’une Déesse de René Morax (2018), Nuit gravement au salut d'Henri-Frédéric Blanc et Inconnu à cette Adresse de Kressmann Taylor (2021). Il crée ensuite la compagnie Ambre Rouge en 2022 et y met en scène La Nuit Juste Avant les Forêts (2022) de Koltès et Cher Menteur (2024), dans sa traduction de Jean Cocteau.
Annie Chemla — création lumières
Exploratrice passionnée des arts vivants, Annie trace son chemin entre scène et coulisses. Au cours de sa formation au jeu d’acteur chez Acting Line Studio et sen ’initiant à l’improvisation théâtrale, elle explore différentes facettes du spectacle. Sa curiosité et sa polyvalence l'ont amenée à investir la photographie de spectacle, la communication, la production et, désormais, la régie lumière. Convaincue que la culture et le social se nourrissent mutuellement, elle s’engage activement dans des projets mêlant créativité et partage. Elle rejoint Ambre Rouge en 2024 pour le projet Portrait de famille de Denise Bonal dont elle assure la création lumières.
Myriam Schneider — Louise
Myriam a toujours aimé les spectacles. D'abord dans le public, et puis rapidement sur scène, dans des chorales, des troupes de danse ou de comédie musicale. C'est à 11 ans seulement, quand elle commence à se former avec Cecile Xambeu, qu'elle comprend que c'est le théâtre qui l'anime vraiment. Théâtre d'improvisation avec Cecile dans un premier temps, puis quelques pièces comme Occident (Rémi de Vos) ou La Tigresse (Gianina Carbunariu) durant ses années lycée, sous la direction de Béatrice Anselmo. Durant ses études universitaires, Myriam continue l'improvisation sporadiquement. À 25 ans, et après avoir fini son Master de science politique à l'université de Lausanne, elle décide de se lancer dans un nouveau projet théâtral.
François Burnand — Raymond
François Burnand a choisi, dès sa retraite, de consacrer le plus clair de son temps à l'expression orale et à la scène. Choriste tour à tour à Mühlheim an der Ruhr en Allemagne, dans l'ensemble Bach de Paris sous la direction de Justus von Websky, dans le chœur du CERN à Genève et à l'Ensemble vocal et instrumental de Rolle, il a chanté un grand nombre d’œuvres du répertoire classique. Habitué des studios en tant que lecteur de livres enregistrés et membre de la troupe de théâtre Polyphonie au profit de la Bibliothèque Sonore Romande, il est également prédicateur laïc au sein de L'Église Évangélique Réformée Vaudoise. Après un passage par le cours Florent à Paris, François Burnand a été élève du cursus professionnel de l’école de théâtre et de cinéma Acting Line Studio à Lausanne. Il continue à se former auprès d’Antonin Noël, diplômé de La Manufacture – Haute École des Arts de la Scène.
Jade de Vasconcelo Assia
Anthony Daenger Albert
Robin Serugendo Patrick
Matilda d'Imperio Armelle

2024 - Cher menteur
de Kilty traduite par Jean Cocteau
PRESENTATION
La pièce est un mélange d’admiration et même de fascination réciproque entre un homme, l'écrivain Georges Bernhard Shaw et son actrice fétiche Mrs Patrick Campbell. Elle se base sur une correspondance patiemment collectée de part et d'autre, mise en forme par l'écrivain britannique Jérôme Kilty, traduite en français par Jean Cocteau. La pièce retrace le parcours doux-amer de deux solitudes en perpétuel besoin l'une de l'autre, dont la mélancolie est voilée par un humour féroce. Cette désinvolture apparente masque quelque chose de profond: la peur de vieillir. Il s'agit d'une réflexion sur l’époque et le milieu artistique dans lequel les deux artistes naviguent à vue, entre revers et triomphes. La douleur d’une mère qui perd son fils à la guerre en 1917, la solitude d’une actrice que le métier délaisse peu à peu, la misanthropie d'un auteur un peu aigri et en apparence désinvolte. En quarante ans d’écrits, le lien que cette femme et cet homme ont tissé, se relâche, rongé par la vieillesse. C’est tout le tragique de cette vie fabuleuse sur le déclin qui fait la richesse de la pièce. À court d’argent, l'actrice avait pensé vendre cette correspondance mais, fort heureusement, dans un bel élan d’égoïsme, Shaw s’y opposa au motif que son image risquait d’en être ternie. Bien lui en a pris.
Mise en scène
Enfant j'avais vu Edwige Feuillère et Jean Marais dans la pièce. A l'époque Jean Marais occupait régulièrement les écrans télévisuels avec ses rôles en costume et ses cascades. J'avais été impressionné de voir le comédien en vrai, sans artifice, avec sa voix si particulière et une économie de mouvements que le cinéma ne lui octroyait guère. Et la musique du timbre grave de Feuillère m'avait fasciné. En retombant sur ce texte, après l'avoir oublié pendant trente ans, j'ai été séduit par ce matériel épistolaire génialement transformé en acte théâtral. Le texte évoque une période historique troublante, celle du début du XXe siècle et parle du vieillissement et de la solitude, sans pathos mais avec une légèreté apparente. J'ai eu l'envie de donner à la musique, pas seulement celle des mots mais celle des notes, une présence particulière, propre à produire des images, des sensations immédiates tout en soulignant le texte sans pléonasme. Musiques imbriquées, thèmes en mélodrame, nous avons collectivement décidé de travailler avec une compositrice qui nous avait fourni la musique d'Inconnu à cette adresse et lui avons commandé une partition importante pour clarinette, violoncelle et piano, connaissant son immense talent à souligner finement l'esprit d'un texte et à recréer à sa façon le charme troublant de la Belle Époque. (OR)
DISTRIBUTION
Federico Molina, jeu
Passionné d'art théâtral depuis l'enfance Federico le pratique déjà en milieu scolaire au collège des Bergières et au gymnase du Bugnon à Lausanne, où il décroche un premier prix en 1984. Il est admis sur concours en section professionnelle d'art dramatique au Conservatoire de Lausanne. Parfaitement bilingue français et espagnol il participe à nombre de projets dans l'une ou l'autre langue, voire les deux. Dans les années 90 il est organisateur de manifestions artistiques, notamment un important festival de théâtre lausannois. Comme comédien on a pu l'applaudir dans un répertoire varié allant des Fourberies de Scapin de Molière dans lequel il tient le rôle titre à Dieu de Woody Allen. Il a également incarné le rôle du chevalier de la Force dans Dialogues de Carmélites de Benanos-Poulenc à la Grange de Dorigny en 1995, repris à Paris la même année. Il a également joué dans Faut pas payer de Dario Fo, Brocéliande de Henry de Montherlant ou Les Marchands de gloire de Marcel Pagnol témoignant, comme l'a dit justement l'un de ses metteurs en scène, de l'étendue de son talent artistique.
Valérie Vietto, jeu
Après avoir achevé le cours libre de théâtre de Michel Gilliéron en 1994, Valérie Vietto est engagée pour jouer Sœur Blanche de l'Agonie du Christ, le premier rôle de Dialogues des Carmélites de Georges Bernanos et Francis Poulenc, donné à la Grange de Dorigny au printemps 1995 et repris à Paris durant l'automne. Suivent alors L'Atelier de Jean-Claude Grumberg, créé à Lausanne et repris à Narbonne et à Morteaux. Elle joue ensuite les deux monologues de Jean Cocteau La Voix humaine et Le Bel indifférent à Lausanne, puis au théâtre du Pommier à Neuchâtel. En 1999 elle est assistante de mise en scène pour la réalisation de Bent de Martin Sherman créé à la salle Chisaz de Crissier. Elle choisit ensuite de se consacrer à sa famille durant une quinzaine d'années avant de suivre le cours de chant de Nancy Juvet de 2016 à 2020 qui lui permet de se faire entendre dans diverses auditions publiques. Parallèlement elle accepte quelques rôles au théâtre en création, Week-end d'enfer! de Thierry Pahud en 2015, Förol, le célèbre texte de l'humoriste Karim Slama en 2016, Le Destin de Jean-Louis, désopilant vaudeville de Steve Riccard et Olivier Lambelet en 2017 ou Grand de sable, la comédie de Thierry Pahud en 2018, qui rencontre son public.
i en Siosse, mise en scène, lumières et son
Après des études au Conservatoire de Lausanne, suivies d'une formation à Paris il crée dans les années 90 une compagnie théâtrale, Le Théâtrophil, pour laquelle il signe de nombreuses mises en scène dont Chat en poche de Georges Feydeau, L’Accusateur public de Fritz Hochwälder (repris à Paris), Jacques le Fataliste et son maître de Denis Diderot (repris à Chollet). Puis il est engagé pour Le Petit prince d’Antoine de Saint-Exupéry, L’Atelier de Jean-Claude Grumberg (tournée en France), Les Marchands de gloire de Marcel Pagnol, Brocéliande d’Henry de Montherlant, Les Bonnes de Jean Genet, La Voix humaine de Jean Cocteau, Bent de Martin Shermann, Danser à Lughnasa, de Brian Friel, etc. Il se dirige ensuite durant une dizaine d’années vers la mise en scène lyrique avec Dialogues des Carmélites de Francis Poulenc, Les Pêcheurs de perles de Georges Bizet, Le Monde bis de François Margot, trois opérettes de la Grande Guerre, etc. En 2018 il est sollicité par la Grange de Dorigny, théâtre d’accueil, pour créer une compagnie rattachée à la structure avec laquelle il monte Le Choix d’une déesse de René Morax (2018), Nuit gravement au salut d’Henri-Frédéric Blanc (2019), Inconnu à cette adresse de Kressmann Taylor (2021), puis, avec Ambre Rouge La Nuit juste avant les forêts (2022) de Bernard-Marie Koltès.
Isabelle Aboulker, création musicale
Isabelle Aboulker est née à Paris, d’une famille de musiciens : son grand père maternel Henri Février était compositeur et son oncle, Jacques Février, pianiste réputé et ami de Francis Poulenc. Elle a donc abordé le piano très jeune et a eu très tôt le goût de l’improvisation. Elle a commencé par écrire des chansons, des jingle pour la télévision, puis des mélodies pour ses élèves puis, des pièces sur des textes d’auteurs célèbres tels que Ionesco, Lafontaine ou Perrault. Elle s’impose alors définitivement par un catalogue au nombre impressionnant d’œuvres notamment pour les enfants et adolescents. De 1983 à 2003, elle assume la fonction de professeure de formation musicale au Conservatoire de Paris. Durant cette période, elle publie plusieurs ouvrages pédagogiques. En 1999, Isabelle Aboulker obtient le Prix de l’Académie des Beaux-Arts, en 2000, le Prix Musique de la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques et en 2010 le Prix Maurice Yvain. Ambre Rouge lui commande en 2022 une partition originale pour Cher Menteur.
Cécile Vauclin, clarinette
Après une solide formation classique débutée à l’âge de sept ans en Normandie, Cécile Vauclin a réussi à concilier ses activités professionnelles en milieu industriel avec une pratique intense de la clarinette. Très tôt elle intègre les sociétés musicales locales et collabore avec la Camerata Aargau Sud, le Campus Orchester Luzern ou encore l’orchestre TiFiCo (ZH) et fait aujourd’hui partie de plusieurs orchestres symphoniques dans la région Lausannoise (OSUL, Orchestre de Tale Of Fantasy, OQPPL). Enfin, elle collabore de façon régulière aux spectacles proposés par Ad’Opera. Passionnée de musique de chambre, elle est membre du comité de l’Association Universitaire de Musique de Chambre (AUMC). Elle a l’occasion de jouer avec des musiciens confirmés comme le violoniste Gyula Stuller, le violoncelliste Alain Doury ou encore la pianiste Atena Carte. On peut ainsi la voir régulièrement en concert dans la région lausannoise au sein d’orchestres et dans des petites formations de musique de chambre.
Florian Colombo, violoncelle
Par sa formation, ses intérêts et ses réalisations, Florian Colombo évolue le long de la frontière commune entre musique et sciences. Violoncelliste lausannois, il découvre son instrument auprès de Pascal Desarzens, fait ses études au Conservatoire avec Suzanne Rybicki-Varga et se perfectionne auprès de Joël Marosi, violoncelle solo de l’OCL. En 2021, il obtient son doctorat à l’EPFL pour ses recherches sur l’intelligence artificielle et la composition musicale. Actif dans les orchestres suisses depuis plus de 20 ans et dans de nombreux ensembles de musique de chambre, il est le fondateur de l'Orchestre de chambre des étudiants de Lausanne (OChE) et du quatuor Ada. En septembre 2021, l'Orchestre Nexus découvre la partition créée par les algorithmes de Florian le matin du concert. Le succès international de la symphonie 10.1 de BeethovANN amènera Florian Colombo à créer sa startup ayant comme objectif de démocratiser la composition musicale (adamu.tech). Il profite de l’isolement lié à la crise sanitaire pour pratiquer intensivement la musique de chambre et depuis se produit régulièrement en concert dans différentes formations du solo au sextuor.
Antoine Schneider, piano
Né à Morges, Antoine Schneider étudie le violon et la musicologie à Genève, puis se perfectionne en théorie musicale à Zurich avec Burkhard Kinzler et Andreas Nick. Il se forme également en direction musicale, piano et violon baroque. Il compose et arrange de nombreuses pièces pour des formations diverses et collabore ainsi avec différents ensembles, comme l’Orchestre Nexus, le Chœur Laudate Deum de Lausanne, l’ensemble vocal Voix8 ou encore le Seefelder Kammerchor de Zürich. Il participe à la redécouverte d’œuvres tombées dans l’oubli et crée, entre autres, deux oratorios basés sur des cantates inédites du compositeur baroque allemand Christoph Graupner avec l’ensemble Lamed de Zurich et des membres du Bach Collegium Japan. Il mène par ailleurs des travaux de recherches historiques et collabore notamment à des publications sur l’Opéra de Lausanne ainsi que sur les fontaines de Lausanne. Antoine Schneider est actuellement professeur de théorie dans les Hautes écoles de musique à Genève, Fribourg et Bienne. Il se spécialise tout particulièrement dans la pratique du contrepoint improvisé de la renaissance et donne différents stages en collaboration avec Barnabé Janin (CNSMD de Lyon) et Jean-Yves Haymoz.

2021 - Inconnu à cette adresse
de Kathrine Kressmann Taylor
Présentation
Inconnu à cette adresse est le texte le plus célèbre de l'écrivaine américaine Kathrine Kressmann Taylor. Œuvre poignante, forte et originale la pièce est un échange épistolaire entre un marchand d'art israélite vivant à San Francisco et son associé, contraint à rentrer en Allemagne en 1932 et qui se laisse séduire progressivement par les sirènes du nazisme. L'échange cordial évolue vers un affrontement subtil, soutenu par un étonnant suspense.
L'action se déroule du 12 novembre 1932 au 3 mars 1934. C'est un moment clé de l'histoire de l'Allemagne, qui voit l'accession d'Hitler au rang de chancelier. Pour beaucoup celui-ci incarne alors une figure quasi messianique. Kressmann Taylor termine son histoire peu avant la mort du maréchal Hindenburg et la nuit des longs couteaux, qui constitue le premier assassinat de masse du régime nazi. La période du récit est donc celle de la résurrection de l'Allemagne sur fond d'antisémitisme. Humilié au moment de l'armistice le pays s'apprête à sortir de l'épisode de Weimar après avoir souffert du chômage, de l'inflation et du poids des réparations de guerre. Les espoirs mis par la Nation allemande dans le nouveau chancelier sont compréhensibles à ce moment de l'histoire et le récit subtil de Kressmann Taylor se refuse à une analyse manichéenne.
Mise en scène
La mise en scène prévoit une proximité entre comédiens et spectateurs, ces derniers étant disposés de préférence bifrontalement de part et d'autre des comédiens. L'objectif de la direction d'acteurs vise à échapper à une vision manichlenne, où l'un des personnages serait le bon et l'autre le mauvais. Nous tendrons à un match nul. La pièce peut-être jouée dans une salle, un salon, un caveau, une classe, comme sur une scène traditionnelle. Le spectacle mêle intimement texte et musique. Il est l'occasion de la création d'une partition originale de la compositrice française Isabelle Aboulker publiée dans un CD littéraire de Gallimard.
Contraintes scéniques
Le spectacle est conçu pour être adapté à un cadre classique ou non avec ou sans éclairage de scène. Un piano acoustique accordé constitue la seule contrainte.
Pour une représentation sur scène (frontale), un plateau de 7 m. d'ouverture et de 4 m. de profondeur avec accès à cour et à jardin serait idéal avec une régie classique de 12 circuits minimum.
Pour une représentation dans un espace non dédié au théâtre il faut au moins qu'il soit doté de l'électricité, mais aucune installation technique n'est nécessaire. Prévoir 30-40 chaises pour les spectateurs.
Résumé pour programme
Deux amis d'enfance tiennent une galerie d'art à New York. L'affaire est prospère malgré la crise économique qui frappe l'Amérique. L'un des deux garçons décide de rentrer en Allemagne tandis que l'autre, qui est Juif, continuera à gérer seul l'affaire. A contre cœur en janvier 1933 Hindenburg se résout à nommer chancelier de la République de Weimar celui qu'il appelle dédaigneusement le «petit caporal bohémien», un certain Adolf Hitler. A New York le galeriste s'inquiète pour sa sœur partie en tournée en Allemagne et demande à son cher ami de s'occuper d'elle. Jeu d'échecs ou passe d'armes, Inconnu à cette adresse est d'une profonde actualité, témoignant autant de la comédie humaine que des bafouillages de l'Histoire.
L'auteure
Écrivaine américaine d’origine allemande, Kathrine Kressmann Taylor est née le 19 août 1903 dans l'Oregon et est décédée dans le Minnesota en 1996. Elle a fait des études de littérature et de journalisme avant de devenir en 1924, correctrice et rédactrice dans la publicité. En 1928, elle se marie et devient femme au foyer, mère de trois enfants. Elle s'établit à New York. Elle ne se considère pas comme un écrivain, n’ayant composé que quelques satires en vers. Son livre Inconnu à cette adresse (1938), interdit par l'Allemagne nazie, assurera sa célébrité et sera régulièrement réédité. Il est traduit en 20 langues pour la commémoration du 50e anniversaire de la libération des camps de concentration et a fait l'objet de quelques adaptations cinématographiques.
Presse
“Une sorte d’ovni littéraire, une manière de chef-d’œuvre secret. (Une) fiction constituée par la correspondance échangée entre 1932 et 1934 par deux amis, deux associés d’une galerie de peinture de San Francisco: Max Eisenstein, qui est juif et dont la sœur tente de faire une carrière de comédienne à Vienne; et Martin Schulse, d’origine allemande et qui choisit de revenir s’installer à Munich. L’idée du récit fut inspirée à l’auteur par quelques lettres réellement écrites, paraît-il. Il connut dès sa parution dans ‘Story Magazine’ un succès incroyable. Le ‘Reader’s Digest’ le reprit sous une forme condensée. Depuis il est devenu une sorte d’ovni littéraire, une manière de chef-d’oeuvre secret.” (Frédéric Vitoux, dans le Nouvel Observateur)
“Le livre fut publié en 1938 dans le journal américain Story Magazine. 1938, c’est-à-dire en pleine ascension guerrière d’Adolf Hitler. C’est aussi l’unique texte de Kathrine Kressmann Taylor, une Américaine qui se déclarait humblement «femme au foyer». Son style clair et tranchant où se noie une sourde tendresse donne à cet Inconnu prémonitoire une force démoniaque. Ce roman incisif n’a pas changé le cours de l’Histoire… Mais on n’a qu’un seul désir, le faire lire. A tous. Vite.” (Martine Laval, Télérama)
“Pourquoi un tel succès? Parce que Inconnu à cette adresse, dense, efficace, machiavélique, est un texte choc. L’histoire, qui débute en 1932, se construit autour d’un échange épistolaire entre un certain Martin Schulse, galeriste américain retourné dans son Allemagne natale, et Max Eisenstein, son associé et ami, resté aux Etats-Unis. Leur correspondance suit le cours de cette amitié lorsque, missive après missive, Eisenstein s’aperçoit que son ami, son frère spirituel, sous l’emprise de l’hitlérisme triomphant, est en train de devenir antisémite. Est-ce une feinte pour échapper à la censure ou Martin, pris dans l’engrenage national-socialiste, est-il en train de devenir un monstre? A mesure que l’on s’avance dans cette lecture, il apparaît très vite que l’intérêt du récit dépasse de beaucoup la virtuosité de son auteur. Et l’on se pose à notre tour cette question: à qui vais-je faire découvrir Kressmann Taylor?” (Olivier Le Naire, L'Express)
Distribution
Compagnie «La Grange» (contact Olivier Robert)
Nicolas Sacroug Martin Schulze
Marek Chojecki Max Eisenstein
Juliette Rochat Violoncelle
Olivier Robert Mise en scène et piano

2022 - La Nuit juste avant les forêts
de Bernard-Marie Koltès
Résumé
Un homme, étranger, erre la nuit sous la pluie dans une métropole hostile. Il évoque ses rencontres sans lendemain, la vie telle qu’il la subit, telle qu'il la rêve. Les thèmes traditionnels de Koltès sont déjà présents dans cette œuvre d'un auteur de 29 ans: la solitude absolue de l’être, la confrontation à autrui, le travail, l’amour, la violence, le rejet, l’oppression sociale. La Nuit juste avant les forêts pose la question de l’Autre. Indifférent, inquiétant, rassurant parfois. C'est surtout un chant d'amour désespéré. On ne saura jamais à qui «Je» se confie, on n’ignorera à qui s’adresse le «Tu» de l’incipit «Tu tournais le coin de la rue lorsque je t’ai vu», ce camarade qui apparaît et disparaît et qui n’est peut-être que le fruit d’une imagination enfiévrée. La parole est lâchée et se déverse à flux continu. Elle ne s’arrêtera plus avant la fermeture des guillemets soixante-dix minutes plus tard. Dans La Nuit juste avant les forêts, seule la parole est acte, toutes les actions racontées sont passées, nous n’en connaissons que l’impact.
La Nuit juste avant les forêts est l’une des premières pièces de Bernard-Marie Koltès, sans doute le plus novateur des dramaturges français de la seconde moitié du XXe siècle. La langue est extraordinairement concrète, la construction est un labyrinthe où les thèmes, les leitmotivs, les contrepoints, les harmonies s’agencent et s’entrelacent avec la simplicité évidente et la complexité implacable d’une symphonie de Mahler.
Mise en scène
En 1998 j'avais vu à Avignon une version de la pièce proposée par Christophe Laparra formidable serviteur de Koltès. J'étais sorti sonné et bouleversé par la représentation. De quoi était-elle faite? De pluie, sans doute, mais surtout de rythme et d'émotion. J'ai couru après ce souvenir mais jamais plus je n'ai retrouvé ces sensations. Aussi lorsque l'occasion s'est présentée de monter la pièce c'est autour du rythme et de l'émotion que nous avons choisi de travailler, Nicolas Sacroug et moi-même.
Chez Koltès l'essentiel c'est le verbe. Dans La Nuit juste avant les forêts tout artifice tend vers le pléonasme. Nous nous sommes concentrés sur un trio essentiel, le texte, l'émotion et le rythme. La pièce est un chant d'amour qui oscille entre lumière et obscurité entre espoir et désespérance. Un acteur détrempé déambule dans une boîte noire vide. C'est la lumière qui rythme le propos, l'émotion est soutenue par une dizaine de séquences musicales, faisant alterner la polyphonie de Jean-Sébastien Bach et la pureté nostalgique du duduk arménien.
C’est un formidable défi théâtral que l’auteur lance, laissant un champ infini de possibles à l’acteur et au metteur en scène, ne fournissant aucun fil d’Ariane pour sortir du dédale. Les voilà aussi seuls et déboussolés que le narrateur mais surtout libres de leurs choix artistiques. Aucune didascalie, aucun paragraphe pour diviser le texte, aucun point pour déterminer des phrases, chaque mise en scène de la pièce est donc unique, ébauche de solution, pose de jalons pour conduire le spectateur de l’ouverture des guillemets «Tu tournais le coin de la rue lorsque je t’ai vu, il pleut, jusqu’à leur fermeture: «quel fouillis, quel bordel, camarade, et puis toujours la pluie, la pluie, la pluie, la pluie». Nous avons voulu faire aimer ce texte plutôt que de tenter de l’expliquer. Nous avons voulu que «Je» soit un jeune homme paumé, contrasté, touchant, un archange de banlieue, «un loulou laissé au coin d'une rue, que le moindre courant d'air emporte et envolerait».
DISTRIBUTION
Nicolas SACROUG, jeu
Les cours de l’Atelier Théâtre au Point d’Interro à Genève puis un stage au cours Florent à Paris où il est admis au Cycle de Formation confortent Nicolas dans sa vocation théâtrale. Il suit alors trois ans de cours au Conservatoire de Genève en théâtre et participe à divers courts-métrages et à plusieurs projets dans le cadre de la formation Eracom. Il suit le cours de théâtre et cinéma à l’Ecole de Laurence Lerel à Lausanne, campe une silhouette dans le film The Last Face de Sean Penn avec Charlize Theron et Javier Bardem.
Il a participé à la plupart des spectacles de la Troupe de la Grange depuis 2019. En 2022 il sera le personnage de La Nuit juste avant les forêts de Bernard-Marie Koltès et en 2023 le Georges-Bernard Shaw de Cher Menteur de Jérôme Kilty.
Olivier ROBERT, mise en scène, lumières et son
Après des études au Conservatoire de Lausanne, suivies d'une formation à Paris il crée dans les années 90 une compagnie théâtrale, Le Théâtrophil, pour laquelle il signe de nombreuses mises en scène dont Chat en poche de Georges Feydeau, L’Accusateur public de Fritz Hochwälder (repris à Paris), Jacques le Fataliste et son maître de Denis Diderot (repris à Chollet). Puis il est engagé pour Le Petit prince d’Antoine de Saint-Exupéry, L’Atelier de Jean-Claude Grumberg (tournée en France), Les Marchands de gloire de Marcel Pagnol, Brocéliande d’Henry de Montherlant, Les Bonnes de Jean Genet, La Voix humaine de Jean Cocteau, Bent de Martin Shermann, Danser à Lughnasa, de Brian Friel, etc. Il se dirige ensuite durant une dizaine d’années vers la mise en scène lyrique avec Dialogues des Carmélites de Francis Poulenc, Les Pêcheurs de perles de Georges Bizet, Le Monde bis de François Margot, trois opérettes de la Grande Guerre, etc. En 2018 il est sollicité par la Grange de Dorigny, théâtre d’accueil, pour créer une compagnie rattachée à la structure avec laquelle il monte Le Choix d’une déesse de René Morax (2018), Nuit gravement au salut d’Henri-Frédéric Blanc (2019), Inconnu à cette adresse de Kressmann Taylor (2021), puis, avec Ambre Rouge La Nuit juste avant les forêts (2022) de Bernard-Marie Koltès.

2019 - Nuit gravement au salut
d'après Henri-Frédéric Blanc
Henri-Frédéric Blanc, né en 1954 à Marseille, poète, romancier et dramaturge français est un écrivain à la prose jubilatoire. Il est l'auteur de nombreux romans traduits en plusieurs langues, de nouvelles et de poésies. Nuit gravement au salut est son ouvrage le plus connu et sans doute son chef-d'œuvre. Selon l'auteur «on ne peut aimer la vie sans détester un monde qui se déshumanise à vue d’œil». Cette détestation se veut joyeuse, festive, carnavalesque: la «farce» est présente dans tous ses ouvrages et notamment dans Nuit gravement au salut.
Résumé
L'intrigue respecte les unités du théâtre classique: un lieu, un temps, une action. Celle-ci porte sur un dîner dans un restaurant au charme suranné. La jeune auteure, Léa Belmont, fort jolie mais en difficulté financière suite à la grave maladie de son petit garçon, est invitée par Victor Pontier, un éditeur sans scrupule qui veut bien publier le roman mais à certaines conditions qui n'ont rien de professionnel. Un narratrice, sorte de spectatrice goguenarde et un garçon de restaurant lunaire complètent la distribution. La pièce a la densité d'un match de boxe au résultat incertain.
Féroce duel de séduction et de pouvoir, Nuit gravement au salut épingle un certain cynisme contemporain, et met joyeusement à mal quelques usages et faux semblants du milieu littéraire et plus généralement du harcèlement professionnel.
Note d'intention
En 1999, j'avais eu l'occasion de créer Nuit gravement au salut de l'auteur français contemporain Henri-Frédéric Blanc sous forme de lecture théâtrale en Suisse romande. Nous avions le projet de mettre ensuite la pièce en scène. Mais la comédienne principale étant enceinte le projet a été reporté et il n'a jamais vu le jour. J'en avais gardé une certaine frustration et vingt ans plus tard nous avons résolu de mener le projet à terme, tant son sujet est d'actualité. La langue du texte est savoureuse, le propos cynique est adapté à l'époque du mi-too et du féminisme militant, plus encore qu'en 1999. Le roman a dû être adapté pour tenir dans un format réduit de 90 minutes. Le parti pris de mise en scène sera d'abord le respect absolu du texte et le ciselage des caractères des personnages si bien définis par l'auteur. (Olivier Robert)
DISTRIBUTION
Nicolas SACROUG Victor Pontier
Yasmine TOUNSI Léa Belmont
Killian KAKOTOARIJAONINA Le garçon
Hanna VAUTRIN La narratrice
Olivier ROBERT Adaptation et mise en scène
Zoé ZELLER Accessoires
Equipe technique de la Grange Création lumières
Florian GUMY Pupitrage

2018 - Choix d'une déesse
de René Morax
Dans le Choix d'une déesse René Morax, librettiste de la fête des Vignerons de 1905, s'est amusé a évoquer les reproches qu'il a entendu, à l'égard des fêtes des Vignerons, par les cassandre, fidèles tenant du moralisme étriqué d'une certaine bourgeoisie protestante du XIXe siècle: «La Fête est une fête d’ivrognes, une mascarade où les faux dieux usurpent l'adoration due au vrai Dieu, et il est du devoir des gens pieux et amis des convenances de s’en éloigner.» (La Revue du 16 octobre 1905). Cette opinion il la fait exprimer par la bouche du personnage d'Herminie Delajoux, habilement retournée par l'Abbé Levade. La pièce est créée à Vevey le 23 février 1905, cinq mois avant l'ouverture de la Fête des Vignerons, dans le cadre de la Soirée des Secours publics, qui comporte une première partie constituée de chants par la Chorale «le Frohsinn». Elle est reprise le 1er avril devant un public clairsemé à la Maison du Peuple de Lausanne au profit de «l'Œuvre du Trousseau». Nouvelle représentation le 25 février 1906 à la grande salle de l'Athénée de Vevey par le Chœur d'hommes de Vevey-Plan. Le 3 mars 1927 le Casino de Montbenon est bondé pour la 21e soirée d la Chorale de la Pontaise dont le programme est complété par la pièce de Morax, reprise au Casino de Montbenon le 5 avril dans une soirée organisée par l'Orchestre du Lausanne-Sport en faveur d'Eben-Hézer devant une salle à moitié vide. Le Chœur de dames de Lutry la met à son tour au programme de sa soirée du 16 décembre 1944. Enfin, les 4, 5, 11 et 12 octobre 1968, dans le cadre de l'année Morax, Le Choix d'une déesse est donné avec Isidore, un inédit de l'auteur. Le compositeur Pierre Kaelin a été sollicité pour écrire musiques de scène et chœurs. La mise en scène a été confiée au directeur du Théâtre de Lausanne, Jacques Béranger et Jean Thoos a brossé les décors. La distribution est dominée par deux interprètes de choix, Jo Johnny et Jane Savigny qui entourent des amateurs qui ne déméritent pas.
En 1955 peu après la Fête des Vignerons, une institutrice retraitée prolixe en vaudoiseries, Marthe Matter-Estoppey, écrit On demande une déesse, pièce villageoise en 2 actes qui sera créée par le Chœur de dames de Lucens le 8 décembre 1956. L'auteure indiquera: «Bien que cette petite comédie ait été inspirée à l'auteur par la récente Fête des Vignerons, il ne faut y chercher aucun allusion personnelle, l'intrigue étant inventée et les personnages créés de toute pièce». Il est difficile d'imaginer que Matter-Estoppey n'avait pas connaissance du texte de Morax. Elle situe son action dans un milieu paysan vaudois. Denise, l'une des deux filles de Samuel Cavin, «paysan de chez nous, du bon sens, de l'humour, un brin de naïveté» a été pressentie pour incarner la déesse Palès à la Fête des Vignerons au grand dam du père, qui sera finalement convaincu par Emma son épouse. A la réflexion il pense que la promotion de sa fille, vedette éphémère, pourrait rejaillir sur lui et favoriser son avancement politique. Mais c'était une rumeur et c'est Mlle Turrian qui est désigné par le Comité de la Fête pour incarner la déesse. La pièce sera reprise dans une mise en scène de Paul Chevalley, en mars 1958, par «lé Maïentzettes» de Palézieux, une société locale composée de mères de familles. Trois ans plus tard c'est le Chœur mixte de Servion qui la met au programme de sa soirée avec une comédie de… Bernanos Un bon déjeuner. En 1972 c'est l'Echo du soir, club d'accordéonistes de Lucens, qui ne résiste pas au plaisir de jouer ce texte gentiment mièvre, comme aussi la Chanson de Chavannes en 1982, la Chorale «Le Pélerin» de Chardonne-Jongy en 1984 après une exécution d'extraits de… la Messe en mi bémol de Schubert. Enfin en 1996 c'est la Jeunesse du Brassus, qui en éructe les répliques entre le Chili con carne traditionnel et le tournoi de football. Il donne ainsi la dernière reprise identifiée de l'œuvrette de Matter-Estoppey.
Notes biographiques CRÉATION
René Morax débute sa carrière d'écrivain par la publication de Préludes et Nocturnes, un recueil de poèmes édité en 1900. Mais c'est l'écriture théâtrale qui l'attire et vers laquelle il se tourne avec un vrai talent dramatique. Quand est créée la pièce Le choix d'une déesse, René Morax est âgé de 32 ans. Cela fait quatre ans qu'il écrit pour le théâtre avec déjà trois œuvres marquantes, La Nuit des quatre temps en 1901, sur une musique de Gustave Doret, le compositeur des fêtes des vignerons de 1905 et 1927, les Quatre doigts et le pouce en 1902 qui donne ses lettres de noblesse au genre «vaudoiserie» une exception théâtrale vaudoise qui fera florès jusqu'à la Seconde guerre mondiale, et surtout La Dîme en 1903, sur une musique d'Alexandre Dénéréaz, créée dans un hall de tramways à Mézières. L'ouvre servira de détonateur au futur Théâtre du Jorat, qui accueillera en 1908 deux œuvres du Morgien, une reprise de La Dîme et la création d'Henriette sur une musique de Gustave Doret.
Arnold Cérésole (Justin Bolomey), né en 1881 est le fils d'Alfred Cérésole, pasteur à Blonay et auteur de contes vaudois, notamment les Légendes des Alpes vaudoises. Arnold était le neveu de Paul Cérésole, abbé-président de la Confrérie des Vignerons et président de la Confédération. Docteur en droit il devient président de la Chambre civil en 1928. Il prend sa retraite en 1947. Major à l'armée il possédait une belle collection d'armes anciennes.
Paul Budry (Constant Delajoux), né en 1883 était fils de pasteur libriste. Après des études de lettres à Lausanne il enseigne au collège de Vevey. Passionné de peinture il organise en 1913 la première exposition cubiste. Il sera l'un des fondateurs des Cahiers vaudois avec C.-F. Ramuz, Edmond Gilliard et Ernest Ansermet. Il est nommé directeur du siège de Lausanne de l'Office national suisse du tourisme (ONST) en 1934 et mène parallèlement une carrière d'écrivain. Il meurt en 1949.
Né en 1883 Ernest Ansermet (l'abbé Levade) passe une licence en physique et en mathématiques à l'Université de Lausanne en 1903. Il enseigne les mathématiques au collège de Lausanne. Parallèlement il étudie la musique notamment avec Alexandre Dénéréaz et Ernest Bloch. Il dirige son premier concert à Lausanne en 1911, puis prend la direction de l'Orchestre du Kursaal de Montreux de 1912 à 1914. Avec son ami C.-F. Ramuz et Paul Budry il fonde les Cahiers vaudois. A partir de 1915 Serge de Diaghilev lui confie la direction musicale des Ballets russes qui lui confère une notoriété internationale. En 1918 il fonde l'Orchestre de la Suisse romande dont il est le chef titulaire jusqu'en 1967. En 1922 il avait créé la Société internationale pour la musique contemporaine avec Alban Berg et Anton Webern. Il marque profondément la musique du XXe siècle par son engagement et ses écrits et reste l'un des chefs d'orchestre les plus marquants du XXe siècle. En 1969 il meurt à Genève.
Jules Guex est né en 1871. Il enseigne le français au Collège de Vevey, puis au Collège classique cantonal. Passionné de montagne il est membre du Club alpin et consacre plusieurs études à la montagne, comme aussi à la toponymie. Il décède en 1948. Il avait épousé Madeleine Sillig, sans doute la créatrice du rôle d'Andréane du Rosay et la dédicataire du Chos d'une déesse. Le fils de Jules, André héritera du goût paternel pour la montagne et y ajoutera une passion pour les voyages. Il laissera de plusieurs écrits notamment Le demi-siècle de Maurice Troillet.
Madame Max Sillig (Herminie Delajoux) née Marthe de Vallières est née en 1876 et morte en 1972. Son époux, Max est né en 1873. Etudiant à l'Université de Lausanne il y porte les couleurs de Zofingue. En 1899 il reprend la direction de l'Institut Bellerive pour jeunes gens, créé par son père Frédéric-Edouard et qui est transféré à Villars. Pionnier du hockey sur glace il est l'un des fondateurs de la ligue suisse de hockey. Il meurt en 1959.
A[lice?] Sillig (Sylvie). Le 19 octobre 1880 naît Marie-Alice-Julia Sillig à la Tour-de-Peilz qui semble épouser l'architecte Benjamin Recordon et meurt en 1971. S'agit-il de la créatrice du rôle de Sylvie?
Georges Reymond (Charles-Isaac). Le nombre de personnes portant ce patronyme rend son identification difficile.
Berthe de Loës (Nanette). Il s'agit sans doute de Berthe de Loës née en 1872 et décédée en 1968 à l'âge de 96 ans. Fille d'Emile Louis Aimé de Loës, agriculteur et nièce d'Alexis de Loës, professeur de théologie à l'Université de Lausanne. Elle a épousé Alois Morier (1883-1972), propriétaire de la campagne de Bendes à St-Légier.
DISTRIBUTION
Mise en scène Olivier Robert
JUSTIN BOLOMEY Suzanne Balharry
CONSTANT DELAJOUX Marek Chojecki
L'ABBÉ LEVADE, l'abbé Cécile Fasel
CHARLES-ISAAC, son fils Florian Gumy
Mme HERMINIE DELAJOUX Antoine Klotz
SYLVIE, sa fille Mayumi Hamada
Mlle ANDRÉANE DU ROSAY Sophie Desbiolles
NANETTE Valentine Cuénot